Azareth: l'historique

Azareth, Azareth, mais qu’est ce donc qu’Azareth? Un pays ? Un continent ? Un monde ? Le paradis ? Tout cela, et rien de tout cela à la fois ! Azareth, c’est « Le Royaume Des Grands Hommes », comme le disaient les pionniers. C’est l’aboutissement de tous les rêves de navigateurs, ici toutes fables sont devenues réalité… Au commencement, c’était le monde le plus pur qu’il n’y ait jamais eu, des paysages sauvages à perte de vue s’étendaient sous des cieux éthérés. Un monde où richesses et promesses étaient au rendez vous ! Mais où est ce rendez vous me direz vous ?

Azareth est située sur une île, qui est elle même située au beau milieu de Findor, l’une des huit lunes d’Arandil, planète du système de Silmarien dans la galaxie d’Inux. Enfin, c’est ce que les sages aiment raconter, même si les institutions de l’âge contemporain n’aiment pas trop ces histoires. Il est conseillé à tout homme de ne pas trop se vanter de son savoir. L’argent peut changer de mains, l’esprit peut changer de camp …. Et c’est bien ce qui arriva …
Nous étions en train de vivre les plus belles heures de la seconde ère d'Azareth, en ce premier samedi de la première décade des vendanges, et il était à présent 8h00 du matin si vous voulez tout savoir… Oui, étions, c'est bien cela. Oh, je vous serais gré de bien vouloir pardonner ma maladresse. Ce discours se fait de plus en plus personnel? Je ferais bien de me présenter à présent. Je suis Rokrisson le sage, fils de Guémdonn l’érudit, membre de la cour d'honneur de Balin Magnard, notre bon roi défunt. J'aimerais vous raconter tout Azareth, mais le temps me manque. Je ne sais pas encore quand la grande faucheuse viendra me prendre, les oiseaux ne chantent plus depuis maintenant 5 jours sur Azareth, il n’est plus bon de sortir de chez soi. Il me faut faire vite, mon récit commence il y a maintenant une semaine. A ce que l'on pourrait nommer J-1 …

Tout avait bien commencé, le soleil n'allait plus tarder à se lever, la vie s'éveillait dans un calme religieux, quelques gazouillements d'oiseaux rompaient par intermittence un silence qui avait mis toute une nuit à naître... On allait apporter son petit déjeuner à Balin: fricassée de chevreuil à l'Oklanaise, toast sauce tartare, et naturellement une bière brassée...
Les portes s'ouvrirent dans un terrible fracas. C'était le seul et unique son qui semblait réveiller Balin. Pour lui, ce bruit était de bonne augure, elles laissaient entendre que Mr Minon, grand conseiller du royaume venait avec les réjouissances.

Cependant, cela ne sentait ni la fricassée, ni la bière, cela sentait apparemment l'avarié...
"Qu'est ce que cette pourriture ! me lança Balin.
- Maître, je suis désolé, mais la tendresse que j'ai à votre égard ne me rend pas pour autant comestible..., répondis-je timidement
- Qu'est ce que c'est que cette farce ? Rokrisson, c'est vous ? Que faites vous là à cette heure de la journée? La séance a déjà commencé, l'audience a déjà été levée ? Que signifie votre présence en ces lieux ? Où est mon bon Gauthier ? Et pourquoi mon petit déjeuner n'est pas ici ? Alors répondez !
- C’est bien moi, Sire…
- Alors, dépêchez vous, grogna Balin, et que me vaut cette imposture ?
- Sire, c’est de cela qu’il me faut vous parler. Voilà, Gauthier, vient de nous quitter… avoua Rokrisson timidement.
- Haha, mais pourquoi voudrait il nous quitter, n’a-t-il pas le plus beau des emplois ? Quel farceur !
- Mon seigneur, vous vous méprenez, il s’en est allé dans l’au-delà, nous venons de retrouver sa dépouille dans un bosquet. D’après les premiers examens, sa mort aurait été causée par un dard empoisonné.
- Gauthier ! Tué ? Empoisonné ? Mon conseiller ? Mais qu’est ce que vous me racontez !
- Je vous assure, mon roi, vous n’êtes plus en sécurité, il vous faut évacuer les lieux, dépêchez vous. Amon Sul n’est peut être plus aussi sûr qu’auparavant. J’ai pris moi même le soin de convoquer un conseil extraordinaire dans la Salle des Joyaux. Il aura lieu dans une petite heure ! »

Le roi finit de s’habiller sans son Gauthier, ce qui lui était peu familier.
Nous nous retrouvâmes comme promis dans la Salle des Joyaux. La dépouille du brave Gauthier se trouvait maintenant étalée devant les marches du grand escalier… La cour se prosterna devant Balin quand il entra. Il s’assit sur le trône d’or et indiqua que la séance pouvait à présent commencer.
« Chères Naines, chers Nains, commençais-je, j’ai pris la liberté d’organiser une telle réunion, car l’heure est grave. Notre bon conseiller, Mr Minon, vient de nous quitter suite à une mort non naturelle, il a été retrouvé dans un bosquet ce matin même. La mort semble avoir été causée par un dard empoisonné. Alors qu’il serait bon de l’inhumer dès maintenant, je crois que nous devons clarifier l’affaire. Celle-ci ne se restreint pas à un simple meurtre, quoi qu’inexplicable. L’assassin a laissé sur la dépouille un message. Monseigneur, ne vous inquiétez pas, j’ai pris la liberté de faire renforcer votre garde personnelle. Vous le comprendrez dès la lecture de ce message : « L’heure de la vengeance a sonnée, mon cher Balin, demain, tu mourras… Tu payeras pour ce que tu m’as fait. Ton royaume ne sera alors que chimères en ruine, et ma lame plantée dans ta gorge… ». Ce message écrit en lettres de sang n’est pas signé, avouons, Majesté, que tout ceci est troublant. Qu’attendez-vous de nous ? » demandais-je.
Balin ne broncha pas, il se gratta longuement la barbe, et lâcha :
« A demain, Olwë, nous verrons qui de nous deux survivra.
- Monseigneur, ne prenez vous pas ce meurtre un peu trop à la légère ? demandais-je prudemment.
- Ceci ne vous regarde pas, Rokrisson. L’audience est levée ! »

Balin partit dans sa chambre et s’enferma pour le reste de la journée. Son heure était proche. Me sentant alors incapable de l’aider, j’entrepris de faire des recherches à la bibliothèque, elle était à deux heures de cheval, il me fallait faire vite.

Une fois arrivé à Baraz Dul, j’entamai des recherches concernant cet Olwë. Les recherches furent longues et peu fructueuses: tous les documents sur cet Olwë avaient disparu. La section qui lui était dédiée semblait avoir été volée quelques heures auparavant. Je me mis alors à chercher des informations sur Balin, il nous cachait quelque chose. Après des heures de recherche, je découvris qu’il avait un point commun avec cet Olwë. Tous deux étaient de puissants Seigneurs de Guerre. Selon les coutumes d’Azareth, tuer un Seigneur de Guerre revient à prendre toutes ses possessions : femmes, richesses, royaume, sujets. Cependant, alors que Balin était un nain, Olwë est bien pire qu’un sylvain aux oreilles pointues: c’est un Drow ! Un elfe noir, maléfique et sans pitié ! Apparemment, Balin et lui s’étaient disputés le royaume et, suite à une terrible querelle, cet Olwë s’était enfui, blessé et humilié. Cette victoire permit à Balin de régner en maître sur Azareth. Voyant que je ne trouvais pas d’autres indices en ces lieux, je repartis en direction d’Amon Sul.

A mon arrivée, j’appris qu’Eldarion viendrait demain (ce qu’on appellera le jour Zéro). Cet événement n’arrivait pas à point nommé, le Comte de Chaudevignes venait encore réclamer plus de pouvoir. Je m’empressai alors d’aller voir Balin, qui après quelques tentatives ratées me laissa entrer.
« Mon Seigneur, veuillez pardonner mon intrusion ici séant, mais j’ai appris de curieuses choses sur cet Olwë, il veut se venger. C’est un Dr…
-Un Drow, trancha Balin, cet hystérique n’a pas supporté mon ultime coup de hache il y a de ça des années maintenant. Approche, je vais te faire part de mon récit. Il y a de cela une époque, une sombre époque, nous venions de nous établir sur Azareth, je venais de remporter la guerre, une guerre centenaire, et terriblement destructrice. Alors que mon couronnement allait débuter, celui que vous appelez Olwë arriva et me lança un duel. Je ne pouvais lui refuser car il se revendiquait Seigneur de Guerre. Je fus contraint d’accepter et le combat fit rage. Après un interminable affrontement, je sentais que l’offensive de mon adversaire était de moins en moins puissante, de moins en moins précise. Mes coups de haches prenaient l’avantage sur ces lames effilées. Je commençais à gagner du terrain. Soudain, le mécréant me lança un charme qui m’étourdit et en profita pour me taillader la jambe à grands coups de lame. Je parvins à me relever, et lui décrocha un violent coup de hache dans sa vilaine face. Le visage ensanglanté, Olwë s’enfuit et partit à tout jamais. Je venais de prouver à tout Azareth que je méritais mon titre de souverain absolu. Cependant, ce que tu dois savoir, c’est que cet Olwë, en plus d’être un Drow, est un changeforme … Depuis tout ce temps, ces blessures se sont refermées, et ses foudres vont à nouveau se déchaîner. Il est grand temps d’y mettre un terme. Je ne laisserais jamais un elfe, et encore moins un Drow, menacer le royaume. Ce qui a commencé ici doit finir ici… Maintenant, pars, Rokrisson, la journée de demain risque d’être longue. Eldarion menace nos frontières Je ne sais pas ce qu’il prépare, mais à mon avis, rien qui vaille… »

La nuit fut chaude et agitée. Je ne pouvais penser à notre pauvre conseiller décédé quelques heures plus tôt. Comment Balin allait-il déjouer le piège de ce vautour d’Olwë ? C’est un Seigneur de Guerre lui aussi. Si l’un bat l’autre, le royaume devra obéir au vainqueur. Personne n’a le pouvoir de rivaliser face à un Seigneur de Guerre. Balin n’était plus tout jeune et sa jambe commençait à lui faire défaut. Et cet Eldarion, pourquoi diable veut il s’entretenir avec Balin seul à seul. Est-ce lui le Drow ? J’ai entendu quelques récits sur ses derniers combats. Il semble se contrôler et anéantir ses ennemis avec une facilité déconcertante. Il faudra bien entendu renforcer la sécurité, boucler les issues, mettre des gardes dans la salle du conseil. Mais qu’en dirait Balin ? Il est beaucoup trop fier pour ça… Je fus contraint de me mettre moi-même un coup de masse pour arriver à dormir car le sommeil ne me venait point.

La matinée fut tendue. Tout le palais s’était arrêté de respirer jusqu'à l’arrivée d’Eldarion… Puis il arriva. Il fut escorté par des gardiens triés sur le volet. Bien entendu, Balin avait refusé de faire poster des gardes dans la Salle du Conseil et, trônant sur son siège, il attendait l’étranger. Eldarion avançait d’un pas lent et décontracté, ce qui obligeait les gardes à freiner l’allure. Tout cela rendait l’atmosphère de plus en plus écrasante. Eldarion était en quelque sorte le centre d’intérêt principal. Tous les regards convergeaient vers lui, tout le monde bavait devant ses vêtements travaillés avec soin et délicatesse, ses bagues serties et ces armes ensorcelées.

Il arriva enfin devant la Grand Porte, puis pénétra dans le hall. A cet instant, les portes se refermèrent, laissant Balin et son suspect visiteur seuls. Le sort de tout Azareth était en train de se jouer. Les deux grands allaient s’entretenir et un vent mauvais venait de se lever. L’attente parut interminable. C’est au bout d’une heure de tractations qu’Eldarion sortit, l’air satisfait de cette rencontre. Balin, lui, semblait effondré. Je ne voyais pas nettement le trône de là où j’étais. Une centaine de mètres séparaient maintenant Balin d’Eldarion. Je courus à la rencontre de notre seigneur, inquiet du sort d’Azareth. Là, je découvris l’horreur : à la gorge, un point rougeâtre de plus en plus net, se rependait sur son armure. Une lame d’assassin venait d’être plantée dans le gosier de notre bon Roi. Le Drow ! Mon sang ne fit qu’un tour, Eldarion est un Drow ! Aucun homme ne pouvait tuer de la sorte Balin, aucun. Je fis alors demi tour et m’empressa d’hurler !
« Le Drow ! »
Eldarion me regarda, fronça les sourcils, visiblement surpris que je le nomme ainsi.
« Vous l’avez tué, comment avez-vous osé ! »
Mais Eldarion fit mine de n’ignorer. Pendant ce temps, c’était la catastrophe, la foule hurlait, un cercle de soldats s’était déjà formé autour du traître. Je me mis à courir, dégainai mon arme, qui passait pour un vulgaire cure-dent par rapport à celles d’Eldarion et la projeta en avant. Vif comme l’éclair, il dévia sa trajectoire, ma hache manqua de scalper une partie de la foule.
Il se retourna vers moi et dit : « J’ai fait ce que j’avais à faire. » Eldarion venait donc d’ôter la vie à un Seigneur de Guerre, ceci impliquait que lui-même en était un. La foule s’agenouilla alors devant le nouveau monarque que je cesserais d’appeler tyran. Balin était tombé. Une nouvelle ère allait commencer. Ceci fut ce qu’on appelle le jour Zéro.

Les quelques brins de résistance s’écroulèrent quelques jours plus tard : il suffit de trois jours. Mgr d’Ocland fut retrouvé mort sur son trône. Mais quelque chose clochait, il avait été empoisonné quelques mois auparavant : pétrification. Un sortilège progressif qui, selon les clercs, aurait dû figer son pauvre cœur dans quelques mois. Si le phénomène a été accéléré, c’est que quelqu’un l’avait tué avant que le sortilège ait fini son processus. Cependant ceci est maintenant impossible à vérifier car la dépouille est comparable à une statue : impossible de connaître les véritables raisons de ce meurtre. Une seule certitude : cet attentat témoigne d’un double complot.

Les quelques jours qui suivirent la série de crimes suffirent à plonger le royaume dans le chaos total. Tout ce qui avait mis des années à se construire, fut perdu à tout jamais. Des alliances nouvelles doivent se forger. Elenwë de Brinbois soutient déjà son frère de sang Eldarion, tandis que Tenur Hunmar, neveu du souverain défunt, comte de Sigel, veut récupérer le trône de son oncle. C’est dans les hommes que nous devons placer notre espoir ! Mais ils se battent pour des quêtes et des idées différentes. Certains sont anti-ecclésiastiques : parmi ceux-là, Théophraste Gound, le corbeau de tempête a depuis bien longtemps arrêté de s’intéresser à la géopolitique d’Azareth et il semble être plus préoccupé par ces expériences et par ces grimoires de nécromant. Face à cette âme corruptible, se dresse Jean d’Ocland, fils adoptif du récent défunt, nouveau cardinal d’Azareth. Les contacts qu’avaient établit son père suffirons t’ils à raviver une flamme de résistance ? Derrière ces messages d’espoir et de paix, rétablira-t-il un équilibre dans la foi ou sera-t-il perverti par les forces de l’empire du mal ? Et cette Séraphine Milune, qui est-elle au juste, quels choix fera-t-elle ? Quel camp rejoindra-t-elle ? Pour elle, le choix du sang importe peu, mi-elfe, mi-humain, il lui sera difficile de raisonner de la sorte… . La jeune Marie Minon, Comtesse de Floche, se rangera-t-elle par peur du côté de la tyrannie, où vengera-t-elle son défunt père ? Il est bien tard pour un chevalier de revenir à la lumière après tant d’années d’oublis. Renan, quel camp choisiras-tu ? Te feras-tu chevalier blanc, soutiendras-tu ton amante ou te feras-tu protecteur de ce traitre ! Mes chers comtes, vous avez devant vous l’avenir de tout Azareth. Puissent les dieux guider vos choix. Je vous en prie, rétablissez la paix sur Azareth…